Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/263

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rivé quelque grand malheur dans la ville, on me répondit qu’un jeune médecin grec du voisinage venait de mourir, et qu’on avait fait venir les pleureuses dans la maison. Ces jours derniers, j’ai suivi le convoi d’une femme grecque ; elle avait le visage découvert, elle était vêtue de ses plus beaux habits ; la jeunesse et la beauté animaient encore ses traits, des guirlandes de fleurs couvraient le cercueil ; le corps avait été porté à l’église, où le respect dû au lieu saint n’avait pas suspendu les lamentations bruyantes des pleureuses ; ces mêmes pleureuses n’ont point cessé de se lamenter au milieu de la grande rue de Péra, leurs sanglots et les gémissemens ont redoublé au cimetière. Le corps a été déposé dans la fosse, la tête tournée vers l’Orient : un papa a récité une prière pour les morts ; il a pris ensuite un peu de poussière qu’il a mêlé avec la cendre de l’encensoir, et les a répandues sur le cercueil en forme de croix ; puis la tombe s’est fermée, et tout le bruit que j’avais entendu a fait place au silence éternel.

Je vous ai parlé d’une cérémonie funèbre des Arméniens que j’ai vue aux Dardanelles. Je n’ai point assisté aux funérailles des Juifs : vous pourrez en voir la description dans plusieurs livres de voyage.

Je voudrais vous décrire tous les cimetières que j’ai vus, et vous donner la topographie mortuaire de la capitale des Turcs. Je vous ai déjà parlé du grand champ des morts de Pérà. Le faubourg de