Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/283

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de janissaires. — Mais comment une troupe aussi brave que la vôtre est-elle tombée sans combat ? — — L’odjak, abandonné par ses chefs, n’était plus qu’un faisceau qu’on a délié ; les choses d’ailleurs se sont passées comme Dieu l’a voulu, car c’est Dieu qui tient la balance entre les armées, et la victoire est une perle suspendue au fil des décrets célestes.

J’ai demandé à notre musulman s’il était tranquille ; il m’a répondu qu’il n’avait plus aucune crainte ; il touchait même une petite pension qu’on lui a rendue. Quelques jours après l’événement, on lui aurait ôté la vie, maintenant on lui donne de quoi vivre. Vous voyez que dans toutes les révolutions, l’essentiel est de gagner du temps. Je lui ai remis quelques piastres dont il m’a remercié ; il a repris ses jouets d’enfant, et s’est éloigné de nous en répétant que Dieu est grand ; il ne se doute guère que ce qu’il m’a dit doit aller jusqu’au pays des Giaours, mais j’espère que vous ne le trahirez pas.