Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/285

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ménien m’a d’abord conduit à la place de l’ancien Hippodrome et dans la cour de la mosquée d’Achmed ; c’est dans cette mosquée qu’on avait donné le signal de la guerre ; c’est là aussi que les vaincus ont été jugés ; une salle attenante au sanctuaire musulman avait reçu le tribunal extraordinaire du grand-visir ; dans une salle au-dessous, on exécutait les sentences ; les coupables étaient conduits l’un après l’autre en présence du lieutenant de sa Hautesse ; on leur reprochait leurs crimes, sans trop les interroger ; le plus grand de leurs attentats était toujours d’avoir désobéi à Dieu et au Sultan qui est l’ombre de Dieu ; on disait aux uns : Les docteurs de la loi ont quelque chose à vous dire, aux autres, allez consulter le mouphti ; puis on les entraînait dans la salle basse, où des tchiaoux leur passaient au cou un lacet de peau de serpent. Les cadavres étaient jetés au pied d’un grand platane qu’on m’a montré ; ce platane auquel on avait suspendu en d’autres temps les corps des proscrits, et qui vit alors plusieurs centaines de janissaires étendus sous son ombre, est encore aujourd’hui un objet d’effroi pour les Osmanlis ; l’imagination de leurs poètes le représente comme un arbre qui avait porté autrefois des cadavres humains et qui dans les derniers temps a couvert la terre de ses fruits ensanglantés.

Tandis que le grand-visir jugeait ainsi les janissaires à la mosquée d’Achmed, Hussein-Pacha avait