Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/300

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montueux et couvert de bois, et les inégalités du terrain donnent de la variété aux tableaux. Les prairies des eaux douces sont aussi fréquentées que l’échelle du grand-seigneur ; des danses voluptueuses, quelques spectacles grossiers y attirent parfois le sultan. On remarque sur le rivage, près de Kandeli, un kiosque impérial et une belle fontaine en marbre blanc. D’autres kiosques et d’autres fontaines se trouvent dans les deux vallées ; beaucoup d’habitations musulmanes s’élèvent aux bords des eaux vertes ; partout des cafés offrent aux passans leurs nattes, leur ombrage et leur eau limpide. Les groupes de femmes, les jeux des enfans, les cavaliers qui passent, les Osmanlis qui fument ou qui prient, les costumes musulmans, grecs et juifs, mêlés ensemble à travers les paysages, forment autant de scènes qui animent ces lieux. Vous avez beaucoup de livres qui vous décrivent les eaux douces d’Asie, et je ne veux point répéter d’inutiles descriptions ; j’aime mieux jeter un coup-d’œil sur les deux châteaux voisins, dont l’histoire se mêle aux plus grandes révolutions humaines. Disons d’abord que c’est ici l’endroit où les rives d’Europe et d’Asie se rapprochent le plus. Au dire des anciens, on peut entendre sûr la côte d’Europe les oiseaux de l’Asie, et deux hommes, peuvent se parler d’un rivage à l’autre ; il y a là, sans doute, un peu d’exagération, ou bien il faut croire que les hommes et les oiseaux avaient, dans l’antiquité, la