Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/299

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douces d’Asie et aux deux châteaux qui font face à
 cette vallée. J’ai descendu le canal sur un de ces 
caïques qui glissent et volent sur les flots comme 
des hirondelles, et mon bateau m’a laissé à peu de
 distance du village turc de Kandeli, bâti sur l’emplacement de Nicopolis. Le plus beau spectacle se
 montrait à mes yeux sur les deux rives du détroit.
 Au loin, devant moi, cette multitude de villages qui
 bordent le canal, paraissait comme une longue cité
 baignée par un grand fleuve. À droite et à gauche, 
 ce sont tantôt des kiosques entourés de verdure, 
des cafés, des cabanes, des masures au milieu des
 bois ; tantôt des, cimetières avec leurs blanches
 tombes et leur noirs cyprès, des saules, des platanes, des frênes et des noyers, qui s’étendent le
 long des eaux et couvrent d’ombre tout le rivage. 
Une chose à remarquer sur ces côtes, c’est la diversité des paysages ; chaque lieu, chaque site forme
 un tableau à part, chaque point se distingue par
 quelque chose qui lui est propre, et tous ces paysages qui semblent se détacher et qui apparaissent
comme chacun dans un cadre, font de ces deux
 rives une immense galerie, de tableaux charmans.

Ce qu’on appelle les eaux douces d’Asie (guiok-
sou, eaux bleues), ce sont deux vallées arrosées chacune par un ruisseau qui se jette dans le Bosphore ; les peupliers, les ormes, les, frênes, les cyprès et
 les sycomores croissent dans ces vallées. De ce
 côté-là, le rivage est fort élevé ; c’est un terrain