Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/303

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sultan Mahmoud est aussi vermoulu que l’était celui de Constantin. Ce grand colosse ottoman, après avoir foulé la terre, ne pèse pas plus qu’une ombre dans la balance des pouvoirs humains. Mahmoud, pour rajeunir son vieil empire, trouve presque les mêmes obstacles que Constantin pour sauver Bysance ; les Turcs ne comprennent pas plus les projets de réforme de leur sultan que les Grecs ne comprenaient le patriotisme de leur empereur. Le prince des croyans n’a point à se défendre contre des hordes étrangères, mais contre un reste de barbarie qui refuse de marcher avec lui dans les voies de la civilisation : les ulémas et les superstitions musulmanes ont remplacé sur les sept collines le clergé du Bas-Empire et la superstition grecque. Si des haines ou des ambitions nées au sein de l’empire, si les éventualités de la politique européenne venaient à menacer le trône des sultans, que deviendrait Mahmoud qui, pour toute défense, n’a plus que l’ancien prestige de sa race et ces murailles délabrées qui virent les derniers exploits de Constantin ?

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