Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/329

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comme chez eux ; ils croient que personne ne viendra les troubler dans leurs demeures ni dans leurs sépulcres ; ils restent bons et hospitaliers comme la nature les a faits.

Cette lettre sera la dernière que je vous adresserai de Thérapia ; je ne vous donne point mes lettres sur le Bosphore comme une description complète des deux rives. Si j’écrivais à quelque érudit ou à quelque savant de notre âge, je me serais arrêté à toutes les baies, à tous les promontoires, à tous les lieux qui sont cités dans la géographie ancienne ; je vous aurais nommé les trente rivières qui se jettent dans le détroit, les cinquante vallées qui aboutissent à cette mer ; ce que vous me demandez, ce sont des tableaux et des observations de mœurs, c’est le récit de ce que je vois, l’expression de ce que je sens. Vous n’aviez pas besoin de quitter Paris pour connaître la partie scientifique du Bosphore, car elle se trouve dans beaucoup de livres ; aussi me suis-je borné à des images, à des points de vue, sans craindre de passer à vos yeux pour superficiel ; ce sont des distractions de malade que je vous abandonne, ce sont des causeries, des impressions ou des souvenirs qui ne doivent point sortir de Péra, si toutefois ces feuilles légères arrivent jusques sur votre colline, et si dans leur trajet de Thérapia à Tophana, le vent du Bosphore ne les emporte point.

P…