Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/335

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au supplice des condamnés. Un raya ou un Musulman, après avoir reçu la bastonnade ou passé quelque temps au bagne, revient tranquillement chez lui, et rentre dans sa maison comme s’il revenait de la promenade ou du bazar ; aucun souvenir fâcheux ne le poursuit, ses parens et ses amis viennent le visiter ; il reprend ses occupations habituelles, et tout se passe autour de lui comme s’il ne lui était rien arrivé ; on se vante même quelquefois d’appartenir à un homme qui a été étranglé ou décapité. Les seuls criminels que poursuive le mépris public sont les meurtriers et les voleurs de grand chemin, auxquels la loi religieuse refuse la sépulture et les honneurs funèbres.

En sortant de la prison du bagne, nous avons visité l’arsenal, et nous y avons trouvé les choses comme l’avait dit le capitan-pacha. J’ai été présenté à l’officier principal de l’arsenal, que notre interprète a salué du titre de grand-amiral ; à ce mot de grand-amiral, il a regardé autour de lui, et nous avons remarqué sur son visage un sourire où se peignaient la surprise et la modestie. Nous avons pu compter treize vaisseaux de ligne, rangés près du rivage, mais ils semblent abandonnés ; on ne voit ni mousse aux cordages, ni sentinelle sur le pont, ni âme qui vive dans l’intérieur. Où sont les matelots, où sont les officiers et les commandans ? Comment fera-t-on mouvoir cette marine, à moins que les vaisseaux du grand-seigneur ne ressem-