Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/340

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proclamées par la magistrature et même par la législation turque ; mais chez un peuple où personne ne peut se plaindre d’un jugement, où la justice reste sans contrôle et sans autorité qui la surveille, où chaque pouvoir, chaque homme puissant a sa juridiction, comment voudrait-on que l’arbitraire n’eût pas pris la place de la loi, et qu’il rie fût pas arrivé en Turquie ce qui arrive dans nos pays civilisés ?

Si la détention d’un prisonnier ne se prolonge point au-delà de quelques jours, ce n’est pas en vertu d’une règle ou d’une loi qu’on puisse invoquer, mais uniquement parce que la justice chez les Turcs n’a pas l’habitude de se faire attendre, et qu’elle ressemble à la colère toujours prête à frapper. En sortant de la prison, nous avons été abordés dans la rue par une femme grecque dont le fils a été arrêté ; cette pauvre femme était tout en larmes, et sollicitait notre protection ; il y avait plus d’une semaine que son fils était retenu dans la prison ou dans le caravanséraï du séraskiér.

J’ai visité une autre prison qu’on appelle la prison de la Porte ; elle est située entre le port et le palais du grand-visir. Nous sommes d’abord entrés dans une cour étroite, gardée par quelques soldats ; sur une porte donnant dans la cour, étaient suspendues des chaînes comme celles qu’on y met aux pieds et aux mains des prisonniers ; le geôlier nous a conduits dans l’intérieur de la prison ; on y arrive