Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/341

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par un escalier pratiqué dans une épaisse muraille. Le gardien a commencé par nous montrer les salles destinées aux prisonniers pour dettes ; les Grecs, les Arméniens, les Juifs et les Turcs ont des chambres séparées, car ces quatre nations ne peuvent nulle part vivre ensemble, et le malheur même ne saurait les réunir. On nous a fait voir la chambre des Bohémiens, c’est une véritable caverne qui paraît creusée dans le roc. Nous avons été conduits ensuite dans une salle plus sombre que les autres, où les prisonniers sont mis à la torture ; à la voûte sont fixés plusieurs anneaux de fer, auxquels on suspend les malheureux, lorsqu’on veut leur faire avouer leurs crimes, et connaître le lieu où sont leurs trésors. Je n’essaierai point de vous décrire cet appareil de la torture, qui vous ferait frémir et que le geôlier nous montrait comme la chose la plus ordinaire. En montant par un escalier plus obscur que le premier, nous sommes arrivé dans une salle assez vaste, qui n’a que les quatre murailles ; vous voyez, nous a dit le geôlier, la chambre des pachas ; les pachas ne l’habitent que fort rarement, soit qu’on les envoie ailleurs ou que la justice de la Porte se soit ralentie à leur égard. Près de là est une autre salle destinée aux hospodars de Valachie et de Moldavie ; la porte est doublée en fer ; le geôlier nous a dit que cette porte restait toujours fermée, depuis le temps où elle avait été maudite par un sultan dont on avait