Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/360

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qui prouve que ses formes extérieures, telles qu’elles sont, répondent à l’idée que les femmes turques se font de la beauté, car je ne pense pas qu’il soit adoré dans les harems comme législateur.

Mahmoud monte fort bien à cheval ; il paraît avoir renoncé à la selle aux bords relevés, et au large étrier des Turcs. Nous avons eu occasion de vous parler de son nouveau costume qui est fort simple, et sous lequel sa hautesse ressemble bien moins à un sultan qu’à un de nos officiers de dragons. Les partisans de Mahmoud nous disent que ce prince n’a oublié ni l’exemple de Sélim, ni les leçons de l’adversité, les seules qui puissent profiter aux rois. Quoique des torrens de sang aient coulé sous son règne, on vante sa modération, et je ne crois pas qu’il tienne beaucoup au privilège que lui donnent les constitutions de l’empire de faire mourir quatorze personnes par jour ; sa libéralité, nous dit son historiographe, est si grande, que les mines de la terre seraient à peine une poignée de ses bienfaits. Il passe pour avoir l’esprit orné, et pour aimer la poésie, au moins quand elle le flatte. Mahmoud parle la langue arabe et la langue choisie des Turcs avec une facilité et une éloquence qu’on admire à sa cour. Les ambassades de Péra lui accordent le talent de rédiger avec netteté une note diplomatique ; on lui doit d’avoir changé le langage de la chancellerie ottomane, qui, grâce à lui, n’a plus ces formules orientales dont