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Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/38

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politique et ses habitudes ; quoique l’Anatolie n’ait point de journaux, et que chaque homme ici, y comme le Dieu du silence, tienne sans cesse le doigt sur sa bouche, on sait néanmoins ce que font et ce que disent les pachas. La biographie d’un pacha de l’Hellespont ne peut manquer de vous intéresser. Voici ce que j’ai pu recueillir jusqu’à présent.

Le pacha des Dardanelles était, il y a peu de temps, gouverneur de l’île de Cos ou Stanchio, où son départ a laissé peu de regrets. Il n’a qu’une femme qui est fort riche, et qui a exigé en se mariant qu’il n’en épouserait pas une seconde, tant qu’elle resterait avec lui ; comme tous les pachas, il a un médecin qui est en possession de sa confiance, et qui est, après le maître, l’homme le plus important du sérail ; ce médecin, en faisant les affaires du pacha, ne néglige point les siennes ; et son nom n’est pas épargné dans les malédictions du peuple. On vante la modération du visir des Dardanelles, parce que, dans sa justice distributive, il s’en tient ordinairement à la bastonnade ; il n’est pas de jour où de pauvres rayas et même des Turcs ne reçoivent cinquante ou cent coups de bâton sur le dos ou sur la plante des pieds ; le consul anglais avait dénoncé au pacha un Grec dont il croyait avoir à se plaindre ; celui-ci, sans avoir été entendu, a reçu le châtiment accoutumé ; le consul anglais ayant exprimé ses regrets sur ce que l’homme