Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/37

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vérité ; il ne faut pas plus de deux journées pour se rendre à la chaîne septentrionale de l’Ida, d’où s’écoule le Rhodius et pour revenir de l’Ida jusqu’à la mer, en suivant le cours du fleuve qui n’a que douze ou quinze lieues.

Les anciens Grecs avaient une mythologie pour les fleuves et les fontaines ; les Turcs en ont une aussi, car ils sont pleins de respect pour l’humide élément ; ce ne sont plus des nymphes, mais des génies qui ont la garde des eaux ; nous pressions un habitant des Dardanelles de nous conduire à quelques lieues d’ici dans une vallée où coule le Silléis ; cette proposition lui paraissait suspecte ; que voulez-vous faire du Silléis ? nous disait-il ; comme nous insistions, il nous a parlé d’un voyageur qui avait voulu pénétrer à la source de cette rivière, et que le génie du fleuve avait frappé de mort. Vous voyez que la mythologie des Turcs porte l’empreinte de leur caractère et de leurs lois ; les Grecs se représentaient les divinités des eaux et des campagnes sous des formes douces et riantes ; l’imagination des Osmanlis peuple les champs et les bois dé fantômes menaçans : les génies qu’ils placent à la garde des sources et des rivières sont pour eux comme les chiaoux ou les muets du sérail.

Je ne vous ai pas encore parlé de ce qu’il y a de plus curieux aux Dardanelles ; je ne vous ai pas dit un mot du pacha ; avant de lui être présenté, je voulais savoir quelque chose sur son caractère, sa