Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/387

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sauver. Tel est le véritable état de la Turquie en 1830 ; il est probable que le mal ne fera que s’accroître.

Après avoir lu dans l’histoire le récit des guerres sanglantes et cruelles au milieu desquelles s’est élevé l’empire ottoman, il serait permis peut-être de voir dans son état présent la juste expiation d’une gloire qui a long-temps désolé le monde ; toutefois on ne peut rester indifférent au spectacle d’une grande nation qui se précipite dans l’abîme. Je ne puis m’empêcher de déplorer cette fatale destinée, et quand je pense que la chute violente de l’empire des Osmanlis peut à la fois ébranler l’Orient et l’Occident, je forme des vœux pour que cet empire subsiste et que notre globe reste encore tel qu’il est.

P. S. Je vous ai envoyé plusieurs lettres de mon jeune compagnon sur le Bosphore, sur les eaux douces d’Europe et sur Belgrade ; vous y avez remarqué sans doute comme moi les progrès d’un talent véritable ; quand sa santé sera tout-à-fait rétablie, il ne nous manquera plus rien pour satisfaire votre curiosité et pour achever utilement notre voyage. Vous trouverez ici un petit tableau de Péra et de Scutari, plein d’aperçus et de traits de mœurs fidèlement rendus, qui révèlent un heureux esprit d’observation.