Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je l’ai prié de s’expliquer ; mais, avant de répondre à ma question, il s’est répandu en imprécations contre les nemtché (c’est ainsi que les Turcs appellent la nation allemande). « Un Allemand, m’a-t-il dit ensuite, était retenu prisonnier chez les Circasses ; dans mon dernier voyage, il me conjura de le racheter de son maître, et de le conduire à Constantinople, s’engageant à me payer le double de sa rançon. Je cédai à sa prière, et je l’amenai avec moi. En débarquant à Tophana, il m’a renouvelé sa promesse ; mais, depuis quinze jours, il a trouvé le moyen de s’évader, et je n’ai pu découvrir ses traces. Il est parti sans payer sa dette » À ce dernier trait de son récit, notre Musulman montrait une grande colère ; je prenais part à son désappointement, car son action avait quelque chose de généreux, et la charité d’un marchand d’esclaves a besoin d’être encouragée. « Vous avez fait un acte de bienfaisance, lui disais-je, et vous en recevrez le prix du grand Allah. » Ces paroles n’ont pu le calmer, et toujours il en revient à son maudit nemtché, qu’il a payé plus cher qu’une belle Circassienne, et qui s’est enfui comme un mauvais djin (mauvais génie).

J’ai pris des informations sur la manière dont on élevait les esclaves circadiennes. On s’accorde à dire qu’elles sont assez bien élevées, et que Constantinople a pour cela des maisons d’éducation tenues par des femmes. On leur apprend à écrire, à