Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/413

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broder ; on leur enseigne le Coran, et les maximes de la morale et de la civilité. La danse, la musique, ne sont pas plus négligées dans ces écoles que dans nos pensionnats de jeunes demoiselles. L’éducation des jeunes Circasses l’emporte souvent sur celle des filles turques élevées par leurs parens, car la cupidité, comme, je vous l’ai dit, fait quelquefois mieux que la tendresse. Chaque talent, chaque qualité qui se développe dans une jeune fille, devient un trésor pour un marchand. Il en est de même des jeunes garçons, qui reçoivent quelquefois une éducation distinguée. Plusieurs sont élevés au sérail du Sultan, et deviennent de grands personnages ; il arrive même que ce sont des esclaves de l’un et l’autre sexe qui, soit dans les harems, soit dans les conseils du prince, dirigent toutes les affaires, et tiennent véritablement les rênes de l’empire.

Les esclaves, pour les travaux pénibles et pour les soins les plus grossiers de la maison, sont pris ordinairement parmi les nègres et les négresses. On les a pour un prix très-modique. Une négresse comme celles que nous avons vues au bazar, ne se vend guère plus de cinq ou six cents piastres (cent cinquante ou deux cents francs). Il n’est pas de famille turque un peu aisée qui n’ait deux, trois ou quatre esclaves noirs à son service. Comme ces esclaves se mêlent à la population blanche, je me suis souvent étonné de rencontrer si peu de gens