Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

surveiller ; aussi Rome voyait-elle souvent éclater des révoltes, des guerres d’esclaves, qui menaçaient l’existence même de la république. Il n’en est pas de même en Turquie, où la législation qui concerne les esclaves est beaucoup moins sévère qu’elle ne l’a jamais été dans aucun autre pays. La servitude chez les Turcs n’est insupportable que pour les chrétiens qui restent fidèles à leur religion ; les esclaves musulmans sont efficacement protégés par la croyance religieuse et par les mœurs du pays. Leur condition ne fait naître aucune idée de mépris ; il est rare qu’un esclave ne soit affranchi au bout de quelques années, et le souvenir de sa servitude ne le suit point dans l’état de liberté. Si beaucoup d’esclaves pris en Morée et dans l’Archipel ont refusé, comme je vous l’ai dit plus haut, de revenir dans leur pays, on peut sans doute en donner pour raison qu’ils étaient liés par leur nouvelle profession de foi ; mais on peut croire aussi qu’ils persistaient à rester chez les Turcs, parce que leur servitude ne leur paraissait pas trop dure. L’histoire nous apprend que la même chose arriva après le traité de Carlowitz ; des commissaires du czar parcoururent toutes les provinces de l’empire ottoman pour ramener avec eux les esclaves de leur nation ; un très petit nombre de ces esclaves se décidèrent à retourner en Russie.

Il est encore un autre point de vue sous lequel on peut envisager l’esclavage en Turquie ; le des-