Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/420

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vous dirai-je des femmes esclaves et surtout des Circassiennes ? à quelle famille n’ont-elles pas donné des enfans, à commencer par la famille impériale ? Dans quel harem n’ont-elles pas dominé et ne dominent-elles pas encore ? Quel empire n’exercent-elles pas dans l’état et dans les foyers domestiques des Osmanlis ?

Au milieu d’un pareil état de choses, on peut se figurer quels changemens apporterait dans la société l’abolition de l’esclavage, amenée par l’impossibilité de la traite ou par toute autre cause ; je ne veux point me livrer ici à des considérations générales, mais il me semble au premier coup-d’œil, que si les bazars venaient à être déserts, l’état de la famille en Turquie se trouverait amélioré, et que la civilisation pourrait partir de là pour faire quelques progrès. On n’a pas besoin de beaucoup réfléchir pour juger combien cette facilité de remplacer des épouses par des esclaves, ou de prendre des esclaves pour épouses, de louer, d’acheter au bazar des moyens de continuer sa race, combien cette facilité, dis-je, doit dénaturer le véritable esprit de la famille, et jeter des germes de dissolution dans le mariage, cette association naturelle, par où toute société politique doit commencer. Je sais bien que le Coran avec sa polygamie n’est pas propre à remédier au mal ; pour organiser la famille, et pour lui donner quelque chose de saint, de fort et de durable, il ne faut pas non plus s’en rapporter au