Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/423

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était venue chercher un asile dans l’Armenio, lorsque nous étions retenus sur les côtes de Mételin ; il a fallu ici, comme pour beaucoup de merveilles de ce pays, renoncer à nos illusions, à nos enchantemens : notre Lesbienne, restée sur le navire ragustin, est arrivée ici quelques jours après nous ; elle a d’abord été accueillie par des Grecs charitables ; elle promettait d’abjurer l’islamisme et de revenir à la religion chrétienne ; mais la retraite et les austérités qui devaient précéder la cérémonie de son abjuration, ont effrayé sa dévotion mal affermie. Je ne suivrai point la pauvre compatriote de Sapho dans tout ce qui lui est arrivé à Bysance ; il me suffira de vous dire que le côté romanesque de ses aventures a perdu tout ce qui pouvait nous intéresser, et qu’après avoir mérité une place dans les romans de Walter Scott, elle ne pourrait pas même figurer maintenant parmi les personnages de notre Paul de Kock. Comme sa conduite n’a pas été sans scandale, et qu’elle s’est fait enlever par un Turc, elle peut être poursuivie par la police du Vaivode de Galata. Pour se mettre à l’abri elle veut partir pour Syra ; or, vous saurez que l’île de Syra est aujourd’hui pour l’Archipel ce qu’était la voluptueuse Corinthe pour l’ancienne Grèce.

Il faut que je vous dise aussi ce que sont devenus les compagnons de voyage que nous avons trouvés sur les bords de l’Hellespont, et qui nous ont suivis