Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/56

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venez plus du poème de Phrosine et Mélidor, diffuse et froide imitation du poème de Musée, ni du poème des Quatre partie du jour, où la muse d’un cardinal ne dédaignait pas de chanter les mystères de la tour de Sestos. Ce fut à peu près à la même époque que l’illustre traducteur de Virgile fit le voyage de Constantinople, et passa par l’Hellespont ; les lieux que nous voyons maintenant avaient enflammé son imagination de poète ; il m’a dit plusieurs fois qu’il avait aussi cherché la tour où la jeune Héro attendait son amant. L’aimable chantre des Jardins se plaisait à raconter à ses amis ce qui lui était arrivé non loin d’Abydos. L’ambassadeur de France, qu’il accompagnait, lui avait permis, ainsi qu’à quelques officiers de marine, de descendre à terre ; mais comme la peste ravageait la contrée, on leur avait défendu de communiquer avec les habitans ; à peine eurent-ils mis le pied sur la rive qu’ils oublièrent la consigne, et se rendirent chez un aga qui les invita à déjeuner ; à leur retour, on refusa de les recevoir dans le vaisseau de l’ambassadeur ; ce ne fut qu’après beaucoup de supplications qu’on leur permit de rentrer à bord, à condition néanmoins qu’ils se laveraient de la tête aux pieds, et qu’ils jetteraient à la mer leur vêtement et tout ce qu’ils portaient sur eux ; il fallut obéir. Le vent du nord soufflait, l’eau était froide. M. Delille, en rentrant dans le vaisseau, paraissait transi ; on le salua comme le beau