Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/63

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coup séparés les uns des autres, à travers des collines couvertes de bois ; imaginez-vous, non pas des Francs ou des Européens, mais des Français, des Parisiens perdus dans les bois de l’Anatolie, et répétant aux échos de la contrée des cris que lés échos n’avaient jamais entendus ; le fidèle Antoine et le prêtre arménien étaient restés avec moi ; nous marchions au hasard appelant nos compagnons de voyage qui ne répondaient point. Après une heure, de marche, nous sommes enfin arrivés dans une plaine découverte, traversée par plusieurs ruisseaux ; à notre droite, sur le penchant d’un coteau, nous apercevions au loin un village assez considérable ; à gauche, vers la mer, se montrait un tchiflik ou ferme turque ; il était près de midi et nous étions à jeun. Cependant je voulais attendre nos autres compagnons de voyage, ayant d’aller plus loin. Le prêtre arménien pensait au contraire que nous devions d’abord faire, quelque chose pour notre appétit, et ses pas se dirigeaient comme par une force irrésistible vers la ferme turque dont l’aspect nous promettait quelques ressources pour notre déjeûner. Je le suivais lentement, regardant toujours derrière moi, lorsque nous nous sommes trouvés a la porte du tchiflik. Le prêtre arménien s’est empressé de dire aux gens de la ferme que nous étions des voyageurs égarés, et que nous mourions de faim ; on est allé avertir le maître ou le régisseur, qui n’a pas tardé à venir ; il nous a fort