Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/64

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bien accueillis, et, par son ordre, on nous a conduits dans une aire où l’on battait le blé. Nous nous sommes assis sous une tente de feuillage ; bientôt on nous a apporté sur un large plateau de cuivre du pain cuit en forme de galette avec du fromage durci et un vase de terre rempli d’eau. Tous ceux qui habitent la ferme, excepté les femmes, se sont rassemblés autour de nous ; il n’y avait là que deux Turcs, le régisseur qui s’appelle Méhémet et un autre, qui paraît diriger les travaux du tchiflik ; tous les autres étaient Grecs ; il était facile de les reconnaître à une croix noire qu’ils s’étaient imprimée sur le bras et sur la poitrine. Je désirais retrouver nos compagnons égarés dans les bois ; mais comment me faire comprendre ? Le prêtre arménien s’occupait exclusivement du déjeûner que la Providence venait de lui envoyer ; cependant quelques valets de la ferme, comprenant par nos gestes que nous attendions d’autres voyageurs, sont allés dans les environs, et ont fait des signaux auxquels personne n’a répondu ; au bout dé deux heures, nous avons vu arriver le brave Michel, monté sur un âne qu’il avait trouvé dans les bois ; bientôt sont arrivés successivement notre officier philhélène, notre sergent grec et M. Poujoulat qui n’en pouvaient plus de fatigue et de faim.

Il ne nous restait plus qu’à retrouver notre caïque ; il suffisait pour cela de suivre les côtes de la mer, et de découvrir la baye ou nous avions débarqué,