Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/66

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naissances agronomiques ; mais je vous dirai ce que j’ai vu, ce que j’ai remarquée, et vous saurez peut-être quelque chose d’intéressant sur les usages et les mœurs des contrées que nous parcourons. Tandis que nous étions assis sous notre tente de feuillage, on battait le blé auprès de nous ; un large plateau, hérissé de pierres à feu taillées en pointes, est traîné par deux bœufs ou deux buffles ; un homme, armé d’un aiguillon, se tient debout sur le plateau, et dirige la marche circulaire des bœufs attelés devant lui. Le plateau, en passant sur les gerbes de blé répandues à terre, brise la paille et sépare le grain des épis. Nous avons remarqué autour de nous plusieurs instrumens d’agriculture ; j’étais curieux surtout de voir la charrue et les voitures de transport dont on se sert sur les rives du Praxius ; de même qu’on peut reconnaître ici les chars tels qu’ils sont décrits par Homère, on peut retrouver aussi la charrue, telle qu’elle est sortie des mains de Triptolême ; il n’entre aucune partie de fer dans la construction des charrues, et celles que nous avons vues ne ressemblent guère à ce que dit l’un de nos poètes du soc cultivateur luisant sur nos sillons. La plupart des chariots de transport sont à deux roues ; les roues n’ont point de jantes, et ne présentent à l’œil qu’une planche arrondie, semblable au fond d’un tonneau ou bien au cible du tir. La roue est fixée à l’essieu et tourne avec lui ; j’ai vu cependant des chars comme les nôtres, des chars à quatre