Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/73

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qu’accroître leurs misères. Que de Grecs d’ailleurs ont trouvé dans cette terre promise de la Morée un sort pire que celui qu’ils avaient chez les Turcs !

Pendant, que toute notre attention se portait ainsi sur le tchiflik et ses habitans, Antoine et Michel avaient été prendre dans notre caïque quelques pièces grossières de jouaillerie que nous avions apportées de Paris. Je pensais que ces bijoux pourraient nous aider à payer l’hospitalité que nous avions reçue dans la ferme. C’étaient des bagues, des bracelets, des croix, des colliers en verres de couleurs. Quand la boîte qui les renfermait nous est arrivée, tout le monde s’est rassemblé autour de nous ; il fallait voir la physionomie des Turcs et des Grecs à la vue de ces merveilles achetées au boulevard des Italiens à trente sous la douzaine. Nous avons d’abord distribué quelques-unes de nos véroteries aux deux régisseurs turcs, puis aux Grecs qui travaillaient dans l’aire. Nous leur aurions donné les plus beaux diamans du Mogol ou du Brésil, qu’ils ne les auraient pas reçus avec plus de joie. Les, distinctions qu’on jette quelquefois aux amours-propres dé nos sociétés civilisées, ne font pas tant de sensation. Tous ceux qui avaient eu part notre distribution se hâtaient de porter ces trésors à leurs femmes ; plusieurs femmes grecques n’ont pu s’empêcher, d’accourir pour obtenir quelques-uns de nos magnifiques présens. L’une d’elles est venue nous offrir quatre œufs frais ; elle