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Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/77

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son égoïsme, et souffrez que je vous parle de moi de temps à autre ; j’aime tant à vous voir parler de vous dans vos lettres, que j’ai le droit de compter sur un peu de réciprocité.

À quatre heures du matin, nos mariniers sont venus nous avertir que le caïque nous attendait. Comme le vent était toujours contraire et qu’on ne pouvait faire que très-peu de chemin sur mer, nous avons formé le projet d’aller par terre jusqu’à Lampsaki ou Lampsaque. Lampsaque n’est qu’à deux lieues au nord de Bergassi. Nous avons fait cette route à pied, accompagnés de Méhémet qui allait vendre à Lampsaque une partie du blé de sa récolte. Il était cinq heures du matin quand nous avons quitté le tchiflik ; Méhémet, monté sur un cheval, précédait la caravane. En traversant le fleuve, nous avons effrayé plusieurs femmes qui lavaient leur linge : elles se sont enfuies à travers les roseaux, mettant surtout le plus grand soin à cacher leur visage comme si elles eussent eu peur d’être reconnues. Les voyageurs sont obligés de passer à gué le Praxius ; près de là est un pont qui tombe en ruines, et qu’on relèvera quand il plaira a Dieu et à son prophète. Avant de quitter le Praxius, nous avons voulu voir l’embouchure du fleuve qui n’est guère qu’à un mille au-dessous du pont ; à mesure qu’il s’approche de la mer, son lit s’élargit et devient plus profond : il s’avance à travers une forêt de platanes, de peupliers et de saules ; ses deux rives, sont cou-