Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/81

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de graisse et de chair, surmontée d’un turban, et roulant sur un sopha. Toutefois, à la vue de notre passeport, il est sorti de cette énorme boule de chair une voix humaine qui nous a permis de rester à Lampsaque tant qu’il nous plairait, d’y dîner et d’y souper chaque jour à nos frais et tant que nous aurions de l’argent. Cette réponse satisfaisante nous a rendu la vie, et les préparatifs du festin n’ont pas été longs. On nous a servi des fruits, des pastèques, des melons, qui nous ont rappelé les anciens jardins de Lampsaque. Quant au vin du pays, vous savez qu’il avait quelque célébrité autrefois, et que le grand roi donna le territoire de Lampsaque à Thémistocle pour son vin, comme il lui donna Percotte pour ses draps. Ce souvenir m’a donné la curiosité de goûter la liqueur tant vantée chez les anciens, mais je vous assure qu’elle a bien dégénéré.

Les visites ne nous ont pas plus manqué à Lampsaque que dans lès autres villes où nous avons passé ; Les Grecs sont venus les premiers : ils ne sont pas en grand nombre, et se distinguent à peine dans la population de Lampsaque qui est presque toute musulmane. Nous avons parlé à un de leurs papas du grand Alexandre et du Granique ; c’était pour lui des noms nouveaux. Nous ayons parlé du dieu Priape, fils de Bacchus et de la déesse Rhée ou Cybèle, jadis adorée sur cette côte de l’Hellespont ; le papa nous a répondu qu’il arrivait