Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/82

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tout récemment de Métetin, et qu’il ne connaissait encore personne à Lampsaki. Les Turcs de ce pays nous ont paru moins familiersavec tes étrangers que ceux de Baba et de Koumkaté. Nous avons pu reconnaître l’esprit qui règne à Lampsaque aux cris de Giaour qui se sont parfois fait entendre sur notre passage : la réforme paraît avoir fait ici peu de progrès. Nous avons vu dans la rue plusieurs jeunes effendis exciter par leur nouveau costume les murmures des vrais croyans. Les musulmans de Lampsaque, dans leur fanatisme opiniâtre, se plaisent à conserver sur leur tête l’étoffe aux contours nombreux qu’on appelle le turban. On ne les décidera pas facilement à quitter leur longue barbe, leur robe flottante, leur large pantalon, et le paquet d’armes qu’ils portent toujours pendu à leur ceinture. C’est pour rester dans cet accoutrement qu’ils sont de l’opposition. Chez eux l’opposition ne s’élève guère au-delà du costume : les Turcs n’en sont point encore à former des partis pour des idées ; il leur faut des vérités qu’ils puissent toucher du doigt et qui tombent sous leurs sens.

Nous avons voulu voir les environs de Lampsaque. En sortant de la ville, vers le sud-est, nous avons trouvé une vallée que traverse un ruisseau limpide ; en remontant le cours de la rivière, on marche d’abord à travers des haies si hautes et si touffues qu’on ne voit plus que la voûte du ciel ; la vallée couverte de vignes et de grands noyers, s’é-