Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/86

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Plusieurs voyageurs sont persuades que la mosquée de Lampsaque renferme de précieuses antiquités ; aussi la superstition jalouse veille-t-elle sans cesse autour du temple, pour en écarter les étrangers. La population musulmane de la ville permet aà peine aux voyageurs de jeter un regard sur tout ce qui ressemble à une ruine ; les Grecs eux-mêmes n’ont pas osé nous accompagner dans nos promenades. J’ai voulu quelquefois m’expliquer cette inquiète jalousie des Turcs ; si l’ignorance ne nous comprend pas, il nous est bien plus difficile de la comprendre elle-même. Toutefois, je ne me livrerai point ici à des déclamations vulgaires contre ce qu’on appelle la barbarie des Turcs, car je suis persuadé que la multitude chez nous ne serait ni plus raisonnable ni plus tolérante qu’on ne l’est en Turquie. Que dirait, répondez-moi, le plus éclairé, le plus civilisé des peuples, que diraient nos spirituels Parisiens, s’ils voyaient des savans en costume oriental et le turban en tête, rôder autour de leurs demeures, en examiner toutes les pierres, en dessiner jusqu’aux fondations ?

Revenus à notre café, nous avons ouvert notre bibliothèque portative pour savoir quelque chose de l’ancienne Lampsaque. Cette bibliothèque consiste dans la géographie de Strabon et quelques relations de nos voyageurs modernes ; ces compagnons de voyages sont bien souvent nos seuls guides ; nous leur adressons des questions, et pres-