Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/92

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d’heure, et voyant, que nous paraissions contens de sa réception, notre hôte nous a présenté un livret, espèce d’album, couvert de certificats et de témoignages d’estime qu’il avait reçus de plusieurs voyageurs venus chez lui. Il nous a lu tout haut les éloges donnés à son humanité, à sa générosité, à sa politesse, et j’ai remarque qu’à chacun de ces éloges, il se tournait vers moi comme pour m’inviter à suivre un si bon exemple. Je suis toujours fort aise de retrouver si loin quelque chose de mon pays, ne fût-ce qu’un ridicule. Cette vanité d’un habitant de Gallipoli m’a charmé, parce que je lui ai trouvé un caractère tout à fait parisien ; aussi n’ai-je point refusé de payer mon tribut de louange au plus humain, au plus généreux, au plus poli des consuls de l’Hellespont.

Après avoir écrit quelques lignes sur son album, j’ai prié le consul sarde de nous conduire chez le consul de France, qui est son oncle ; les puissances chrétiennes n’ont guère dans ce pays que des Israélites pour les représenter. Le consul de France a la physionomie la plus vénérable que j’aie rencontrée jusqu’ici en Orient ; ses cheveux blancs, son front couvert de nobles rides, m’ont fait songer dès l’abord à l’âge miraculeux et à la sagesse de Melchisédec. Après les civilités d’usage, j’ai parlé au vieil Israélite de l’affaire qui m’amenait auprès de lui. Aussitôt il a mandé nos mariniers de Maîta qui n’ont pas tardé à venir. J’ai chargé notre sous-