Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/93

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officier grec d’être notre drogman et de plaider notre cause. Le consul de France s’est assis sur une estrade avec son neveu le consul sarde. On a plaidé dans la langue turque : le patron du caïque a donné pour motif de ses prétentions la coutume où sont les marins de longer la côte d’Europe, puis il a allégué les vents qui avaient toujours été contraires, et qui lui avaient fait perdre beaucoup de temps. Le sous-officier de Capo d’Istria a pris la parole, et s’est étendu fort longuement sur l’obligation d’exécuter les contrats et les traités en dépit des vents contraires. Quant à l’objection tirée de la coutume qu’ont les marins de côtoyer les rivages d’Europe, notre avocat ne s’est point montré embarrassé et son éloquence, aidée d’un peu d’érudition, n’a pas craint de remonter jusqu’aux Argonautes pour prouver que, chez les anciens, les navires passaient du côté de l’Asie. Je ne répondrais pas que cette partie de son discours ait été comprise ni par nos mariniers, ni par nos juges d’Israël. Enfin, quand les plaidoiries ont été terminées, les deux consuls ont prononcé leur sentence. Cette sentence a condamné les mariniers grecs à nous faire passer vers les côtes de l’Asie. Le jugement portait qu’ils devaient nous conduire à Camarès, l’ancienne Parium, et à la presqu’île d’Artaki, autrefois Cisyque. Néanmoins, en considération des vents du nord et de la difficulté qu’il y avait alors de remonter la Propontide, nous