Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/96

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notre cuisinier Michel, qui a reconduit chez lui le fashionable musulman, paraissait émerveillé des progrès qu’on faisait en Turquie.

Après notre déjeûner, nous avons eu la visite de nos deux consuls ; ils nous ont proposé de nous montrer ce qu’il y a de curieux dans la ville. Nous avons été à la fois remplis de surprise et de reconnaissance ; ils nous avaient déjà jugés le matin, ils s’offraient de passer le reste de la journée à nous montrer Gallipoli : deux corvées à ta fois dans le jour du sabbat ! Que le Dieu d’Israël veuille leur pardonner ! Les consuls israélites nous ont d’abord conduits aux bazars ; chaque espèce de marchandise, chaque métier ou profession à son quartier particulier ; des vases d’argent étalés sur les boutiques, vous annoncent la rue des orfèvres ; l’odeur de l’eau de rose du sérail vous avertit que vous êtes dans le quartier des parfumeurs ; les draps, les soieries, les toiles ont aussi leur place privilégiée. Les boutiques de Gallipoli nous ont paru plus élégantes que celles de Smyrne ; mais ce qu’il y a de plus remarquable dans cette ville, c’est le bazar des babouches ou des chaussures. Figurez-vous un long passage où se montrent sur chaque devanture des pantoufles et des bottines jaunes, vertes ou brunes ; les unes simples et grossières, les autres d’un goût recherché ; quelques-unes brodées en soie, en or et en argent, ornées de pierreries. Toutes ces chaussures, qui mêlent leurs couleurs