Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 3.djvu/21

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C’est dans Eyoub, dans cette ville des morts, que les sultans, à leur avènement au trône, reçoivent le sabre impérial. Quel spectacle que celui d’une grandeur qui s’élève, d’un règne qui commence dans le lieu même où tout succombe et tout finit ! Un contraste aussi imposant aurait pu donner aux princes d’utiles leçons ; pourquoi faut-il qu’il n’ait jamais frappé que l’imagination des voyageurs, et qu’il soit devenu un lieu commun pour les poètes sans avoir jamais occupé la pensée des sultans ! On nous a montré, dans une rue d’Eyoub, le mausolée que la sultane, sœur de Mahmoud, a fait bâtir pour elle à côté de la chapelle sépulcrale de son époux, mort il y a quelques années. La chronique de Stamboul raconte plusieurs aventures galantes dont cette princesse est l’héroïne, et qui sembleraient annoncer qu’elle ne songe pas encore à rejoindre son mari dans sa dernière demeure. Nous avons vu quelques chansons amoureuses qu’on lui attribue et dans lesquelles elle adopte franchement la maxime d’Horace et des poètes érotiques, qui nous disent que la vie est courte, et qu’il faut la passer gaiement. Nous nous sommes arrêtés, devant un turbè récemment construit. Une inscription invite les passans à prier Dieu pour l’âme de Seïda-Effendi. Seïda fut un des ministres les plus vertueux de la Porte ; on croit généralement qu’il mourut empoisonné pour avoir dit la vérité au grand-seigneur, et lui avoir conseillé la modération envers les Grecs