Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 3.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et les Arméniens catholiques. Que Dieu fasse paix, dans une autre vie, aux amis de la modération et de la vérité, toujours si persécutés dans ce monde ! J’étais préoccupé de ces tristes pensées, lorsque nous sommes arrivés chez le mollah d’Eyoub. Comme le mollah est un des hauts justiciers de la capitale, nous avons trouvé à sa porte un grand nombre de plaideurs ayant des procès à faire juger. Lorsque nous sommes entrés chez lui, il était assis au coin de son sofa, entouré de beaucoup de papiers. Je ne savais trop quel titre me donner pour me présenter à un mollah. J’aurais bien pris celui d’académicien ; mais qu’est-ce qu’un académicien pour les Osmanlis qui n’ont point d’académies ? J’imaginai de me donner pour un uléma, et le titre d’uléma parisien à fait merveille. Nous avons été sur-le-champ à notre aise, et nous avons causé dès l’abord avec un abandon qui ressemblait presque à de l’intimité. Le mollah a des manières élégantes et polies. Son esprit n’est pas brillant, mais il s’allie à une raison solide : c’est un bon sens perfectionné. Si on me demandait ce qu’est un homme comme il faut chez les Turcs, je citerais le mollah d’Eyoub.

Nous avons parié des révolutions en général ; car c’est un sujet qui ne s’épuise jamais, et qui revient toujours à l’esprit en quelque pays que l’on soit. La conversation s’est d’abord portée sur le danger qu’il y a de se mêler de la politique. Je lui