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MICHEL-ANGE.

bien ce que vaut ce sonnet ; mais si peu qu’il vaille, je ne peux m’empêcher d’y prendre un peu de vaine gloriole, puisqu’il est la cause d’un si beau et si savant commentaire. Et parce que je reconnais aux paroles et aux louanges que me prodigue cet auteur que je ne suis pas celui qu’il pense, je vous prie de lui en exprimer, comme il convient pour tant de sympathie, ma courtoise affection. Je vous prie de le faire, parce que je ne m’y sens pas assez de valeur. Quiconque jouit d’une bonne réputation ne doit pas tenter la fortune ; mieux lui vaut le silence, que de tomber de haut. Je suis vieux, et la mort m’a pris les pensées de jeunesse. Pour savoir ce qu’est la vieillesse, celui qui l’ignore n’a qu’à attendre avec patience qu’elle arrive.

0000(Arch. Buonarroti.)



L

À Francesco Faîtucci, prêtre de Sainte-Marie, à Florence.
Rome, oct. 1549.0000

Il y a longtemps que je ne vous ai écrit. Pour vous montrer avec cette lettre que je suis encore vivant, et pour apprendre de vous la même bonne nouvelle, je fais pour vous ces quelques vers. Je me recommande à vous, et je vous prie de faire parvenir aussi cette lettre à messer Benedetto Varchi, lumière et splendeur de l’Académie florentine. Je crois qu’il est votre grand ami. Je vous prie de le remercier, de ma part, plus que je ne sais ni ne puis le faire.

Ces jours derniers, comme je restais très mécontent chez moi, en fouillant certains coins, j’ai mis la main sur un grand nombre de ces bêtises que j’avais l’habitude de vous envoyer autrefois. Je vous en envoie encore quatre, que je vous avais peut-être déjà mandées. Vous direz que je suis un vieux fou et je vous répondrai que, pour être en meilleure santé et en moindre passion, je ne trouve rien de mieux que la folie. Ne vous en étonnez pas, je vous prie, et répondez-moi quelque chose. (Musée Britann.)

0000



L bis.

Au même.

… Quant à la vieillesse qui nous tient également tous les deux, j’aimerais bien savoir comment elle vous traite. Quant à la mienne, elle ne me contente pas beaucoup. Je vous en prie, écrivez-moi quelque chose. Vous savez que nous avons un nouveau pape, et qui il est [1]. Grâce à Dieu, Rome entière s’en réjouit et attend beaucoup de la libéralité de ce pontife, surtout pour les pauvres de la ville…


  1. Le pape Jules III (1550-1555).