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CORRESPONDANCE

LXXIX

Leone Leoni à Leonardo Buonarroti, neveu de Michel-Ange.
Rome, 15 février 1564, vers 3 h. de nuit.0000

J’ai pris soin de vous envoyer la lettre ci-jointe, écrite par messer Daniel Ricciarelli de Volterra et soussignée par messer Michel-Ange votre oncle, par laquelle vous apprendrez l’indisposition dont celui-ci souffre, depuis hier matin, et sa volonté de vous voir venir à Rome. Je vous engage à y déférer aussitôt, non pourtant jusqu’à vous mettre en péril de vouloir courir la poste, par de si mauvais chemins et en dehors de vos habitudes ; car cette manière de voyager, pour qui n’y est pas habitué, est non seulement pénible, mais dangereuse. Mettez-vous en route de saine et mesurée manière, d’autant mieux que vous pouvez tenir pour certain qu’en votre absence messer Thomas del Cavalieri, messer Daniel et moi, nous ne laissons pas de vous remplacer en tout honneur et utilité. En outre, Antonio, le vieux et fidèle serviteur de messire, est là pour vous rendre compte par lui-même de ce qu’il plaise à Dieu de réserver. Ce même Antonio voulait vous envoyer cette lettre par courrier exprès ; mais, pensant que ce message pressé vous donnerait plus de soucis qu’un autre, je l’en ai dissuadé et lui ai conseillé de vous l’envoyer par la voie ordinaire, que j’estime être aussi sûre et aussi rapide que l’autre.

De nouveau, je vous engage à ne pas user d’une diligence exceptionnelle en ce voyage, encore qu’il faille sur-le-champ vous mettre en route. Car, si le mal dont votre oncle souffre le met en péril, — ce qu’à Dieu ne plaise, — vous n’arriveriez pas à temps pour le retrouver vivant, quand même vous mettriez à venir la plus extrême diligence. Le genre de ce mal et l’extrême vieillesse du malade pourraient bien ne pas le faire trainer en longueur. (Quelques mots effacés.)

Pour vous rendre un peu compte de l’état de messire jusqu’à cette heure, qui est la 3 e de la nuit, je vous dirai que, quelques instants avant, je l’avais laissé levé et en bonne impression et connaissance, mais très fatigué par une continuelle insomnie. Pour la chasser il avait voulu, aujourd’hui, entre la 22e et la 23e heure, essayer de monter à cheval comme il en a l’habitude chaque soir, quand le temps le permet. Mais le froid de la saison et la faiblesse de sa tête et de ses jambes l’en ont empêché. Il s’en est alors revenu devant son feu, s’asseoir sur une chaise où il se plaît beaucoup mieux qu’au lit. Nous prions tous que Dieu nous le conserve, quelques années encore.

En me recommandant très étroitement à vous, je souhaite que vous vous portiez bien.

Tout prêt à vous servir toujours,

Diomède Leoni.0000

0000(Arch. Buonarroti.)