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MICHEL-ANGE À SON PÈRE LUDOVIC


Ludovico de Leonardo Buonarroti Simone naquit le 1 1 juin 144.4. Des malheurs domestiques lui firent passer ses jours dans la gêne de la pauvreté, jusqu’à ce que l’en fit sortir son fils célèbre. En 1473, il fut un des douze Bonshommes (Buonomini) et, le 30 septembre 1444, il fut nommé pour six mois Podestat à Caprcse. Dans ce poste, le 6 mars 1475 (style de Florence), un jour de lundi, à quatre ou cinq heures avant le lever du soleil, Michel-Ange lui naquit. Rentré à Florence, il garda son fils dans une petite maison qu’il avait louée à Philippe Narducci, son beau-frère, dans la rue aujourd’hui appelée Bentaccordi. Laurent le Magnifique lui fit avoir un petit emploi d’intendant ordinaire et extraordinaire à la douane, par considération pour ce fils qui promettait beaucoup ; mais il semble que le père n’avait pas des mérites tels qu’il pût s’en tirer avec ses seuls talents. Bien qu’il vécût éloigné des compromissions politiques, il fut congédié de son emploi à la chute des Médicis, en 1404. Il est à noter qu’il eut aussi quelques ennuis après leur retour, en 1512, époque ou il fut question de prononcer son incapacité aux emplois publics. Il ne fut pas moins bientôt réhabilité, comme l’écrit Michel-Ange, et il n’est pas improbable que la méfiance du parti vainqueur à l’égard de Ludovic n’ait eu pour cause la fidélité dont il avait fait preuve à Pier Soderini, pendant que celui-ci était gonfalonnier. Approuvé au scrutin de 1524, il fut nommé Podestat de Castelfranco, pour six mois qui commencèrent à la date du 1er juin 1525. Il fut réélu à ce poste en 1529 ; mais ce n’est pas pour lui une page honorable, à moins qu’on ne puisse invoquer pour excuse la faiblesse de son âge avancé. Car il faut savoir qu’il abandonna son poste et chercha un refuge dans Pise, quand l’armée impériale vint assiéger Florence. La vie de Ludovic fut des plus longues ; il mourut à 93 ans, en 1534, dans sa villa de Cettignano. (Aurelio Gotti, Vita di Michelangelo Buonarroti, vol. II, p. 18.)


I

Michel-Ange Buonarroti Simoni à son père.
Rome, 1er juillet 1497.0000

Au nom de Dieu. Le premier jour de juillet 1497.

Très vénéré et cher père, ne soyez pas surpris si je ne rentre pas à Florence, car je n’ai pas encore arrangé mes affaires avec le cardinal[1]. Je ne veux pas partir avant d’avoir reçu satisfaction et être payé de mes fatigues. Avec ces grands maîtres, il faut aller doucement, il ne faut pas les forcer. Mais, de toute manière, j’espère en avoir fini, cette semaine.

  1. Raphaël Riario, cardinal de Saint-Georges, qui avait acheté, comme statuette antique, un Amour sculpté à Florence par le jeune Michel-Ange. Ayant appelé à Rome l’artiste pour expliquer cette méprise, le cardinal Riario retint Michel-Ange devant un bloc de marbre, pendant un an, sans donner suite à ses projets. Voir, page 53, la lettre de Michel-Ange à Pier Francesco Medicis, pour le remercier de la présentation de l’artiste faite à l’Éminence par le Duc (lettre du 2 juill. 1496).