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MICHEL-ANGE.

pourquoi, il me semble que nous avons grandement à remercier Dieu ; et je vous prie de le faire et de prier pour moi.

0000(Arch. Buonarroti.)



III

Bologne, 6 juillet 1507.0000

Je t’apprends que nous avons coulé la statue (de Jules II) sans trop bonne fortune pour moi, parce que maître Bernardino, soit par ignorance, soit par malchance, n’avait pas bien fondu le métal. Il serait long de t’écrire comment. Qu’il me suffise de te dire que ma statue n’est venue que jusqu’à la ceinture ; le reste de la matière, c’est-à-dire la moitié du métal, est resté dans le four où il ne s’était pas fondu ; de telle sorte qu’après en avoir fait l’extraction, il faudra détruire le moule. Je m’y résigne. Je le ferai refaire cette semaine, je coulerai de nouveau la semaine suivante et finirai de remplir la forme de telle sorte, puis-je croire, que la chose ira de mal en mieux, mais non sans bien grands tourments, fatigues et dépens.

C’est à croire que maître Bernardino aura fondu sans feu, tant j’avais confiance en lui. Ce n’est pas à dire cependant qu’il ne soit pas un bon maître et qu’il n’ait pas fait avec amour ce travail. Mais qui fait, peut mal faire ; qui ne fait rien, ne risque pas de se tromper. Et lui s’est bien trompé, à mon dommage et au sien ; mais il se l’est reproché à ce point qu’il ne peut plus lever les yeux dans Bologne. Si tu vois Baccio d’Agnollo, lis-lui ma lettre, prie-le d’en aviser San-Gallo à Rome et recommande-moi à lui, à Jean de Ricasoli et à Granaccio. Je crois que, si l’affaire va bien, dans quinze ou vingt jours, j’en serai hors et je quitterai Bologne.

0000(Musée Britann.)



IV

Bologne, 2 novembre 1507.
0000

Je désire bien plus que vous de m’en aller d’ici, car j’y suis dans les ennuis les plus grands et les plus extrêmes fatigues. Je n’y pense qu’à travailler, et le jour et la nuit ; et la fatigue qui me dure en est telle que, si j’avais à refaire une autre œuvre semblable, je ne crois pas que la vie pût m’y suffire, tant celle-ci est laborieuse. Je dis même que, si elle eût été confiée à d’autres mains, il lui serait arrivé malheur. Mais j’estime que les prières de certaine personne m’y ont aidé et tenu bien portant, encore que ce fût l’opinion de Bologne tout entière que je ne finirais jamais cet ouvrage.

0000(Musée Britann.)