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CORRESPONDANCE


V

Rome, 26 octobre 1509.0000

… J’apprends que Gismondo [1] compte venir ici pour dépêcher sa besogne. Dis-lui de ma part de ne pas trop compter sur moi, non parce que je ne l’aime comme un frère, mais parce que je ne puis l’aider en rien. Je suis tenu à aimer plutôt moi que les autres, et je ne puis m’accorder les choses même nécessaires. Je suis ici en grand souci et fatigue de corps, je n’ai amis d’aucune sorte et je n’en veux pas même. J’ai si peu de temps, que je ne peux manger à ma faim. C’est pourquoi ne me donne pas d’autre ennui, car je n’en pourrais supporter davantage.

0000(Musée Britann.)



VI

Rome, 17 octobre 1510.0000

J’ai reçu, hier, 500 ducats d’or que le pape m’a envoyés par le cardinal (Lorenzo Pucci, Florentin). J’en ai donné ici à Jean Balducci (banquier), 463 1/2, pour qu’ils me soient comptés à Florence et payés par Boniface Fazzi. J’ai donné l’ordre qu’ils te soient versés. Vu la présente, tu iras chez Boniface, qui te payera, c’est-à-dire qu’il te versera 450 ducats d’or. S’il ne pouvait les mettre à ta disposition avant dix jours, prends patience. De toute manière fais-toi donner cette somme, porte-la à la direction de Sainte-Marie-Nouvelle et fais-la inscrire à mon compte, comme les autres qui y sont déjà. Quand tu auras fait arranger mon compte chez le directeur, avise-moi aussitôt de la somme totale que j’ai chez lui, et ne parle de cela à personne.

0000(Musée Britann.)



VII

Rome, 10 janvier 1521. 0000

… Tu cherches donc qui voudrait te mettre en main deux ou trois mille ducats pour ouvrir, avec cet argent, une boutique. Cette bourse sera meil-

  1. Sigismond, dernier des cinq enfants mâles de Ludovic Buonarroti, naquit le 22 janvier 1481 (style florentin). On a peu de renseignements sur son compte, parce qu’il passa sa vie loin des siens. Il allait, comme c’était alors coutume, à la solde tantôt d’un condottiere et tantôt d’un autre ; mais il n’arriva pas à laisser qrand renom dans le métier des armes. Il était au service de la République, en 1527, quand il fut choisi avec quelques troupes pour surveiller la frontière florentine, à Modigliana, où l’on craignait le passage des troupes ses, conduites par le seigneur de Lautrec. Vers 1540, il établit son domicile à Cetignano où il vécut plusieurs années ; ce qui donna à Michel-Ange l’occasion de se plaindre de lui, dans les lettres qu’il écrivait alors à son neveu Léonard, et où il exprimait son mécontentement de voir son frère faire le paysan à la campagne. Rentré à Florence vers les derniers temps de sa vie, il y mourut le 13 novembre 1555. (Vid. Gotti, loco cit.)