Page:Michel - Contes et légendes.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des troubadours ; la danse des gavots montagnards ; la sarabande espagnole.

On allait commencer la bourrée d’Auvergne, contre laquelle Madame la Marquise de Pouffard eût bien crié, si le prince n’eût déclaré qu’il n’aimait que les danses populaires des provinces. Il n’y avait rien à dire contre une opinion aussi haute.

Mesdames de la Truffardière et de Bêtenville, Messieurs Ganachon de Volembois et Pompilius d’Écorchoison dansaient avec rage.

Mademoiselle Euphrosine dansait. Paul et ses amis avaient l’air de danser ; mais c’était pour cacher qu’ils riaient comme des fous.

Le violon du maître d’école était si gai qu’il semblait rire aussi.

Un cri de surprise partit aussitôt de toutes les bouches.

Une troupe de gens armés avait envahi le parc.

C’est qu’on avait retrouvé la piste d’un pauvre fou, échappé d’une maison de santé depuis quelques jours, grâce à l’un des vêtements d’un interne qu’il avait eu le talent de se procurer. Cet homme, ordinairement assez calme, malgré sa folie de voyages et son idée d’être prince, était cependant sujet à quelques accès d’une violence extrême.

C’était Son Altesse le duc Oscar de Sadoga, lequel fut réintégré dans sa maison de santé.

Quel coup de théâtre !

Madame de Pouffard en tomba malade subitement ; la société n’eut donc pas le besoin d’excuse pour terminer ce soir-là toutes les fêtes.