Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/103

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voulu — la République victorieuse eût refoulé loin dans passé les espérances de l’Empire et prouvé à jamais l’incapacité des généraux de Napoléon III ; il fallait pour une Restauration impériale que la République sombrât et c’est ce qui fut tenté.

» Pendant tout le temps que dura la bataille de Montretout, je vis Ducrot caché derrière un mur, un prêtre à son côté, et devant eux étendu à leurs pieds un nègre qui avait eu la tête emportée par un obus du Mont-Valérien.

» Cette bataille coûta la vie à quelques milliers d’hommes.

» Vers onze heures du soir, les débris du 19e régiment se mettaient en marche sur Paris pour l’enterrement de Rochebrune.

» La nouvelle de la défaite de Montretout avait agité les Parisiens à un tel point que le vaillant Trochu n’osa plus s’y montrer ; Vinoy prit sa place.

» Le lendemain 20 janvier, nous fûmes convoqués Boulevard Richard le Noir, pour assister aux funérailles de notre pauvre ami Rochebrune.

» Partout on entendait dire qu’il fallait se débarrasser de ceux qui avaient trahi jusqu’à ce jour.

» On parlait de s’emparer du corps de Rochebrune et de marcher à l’Hôtel-de-Ville. Le temps avait manqué pour avertir les membres de la légion garibaldienne, de la ligue républicaine et de l’Internationale, disséminés dans tous les bataillons de la garde nationale ; une poignée d’hommes résolus se trouvaient au rendez-vous, mais poignée d’autant plus insuffisante que ceux en qui la foule avait confiance se trouvaient en prison.

» L’enterrement de Rochebrune se passa donc sans aucun incident, si ce n’est que je vis de Boulen, lequel m’apercevant voulut me donner une poignée de main en m’appelant un brave, je refusai en lui répondant :

» — Cela se peut, mais vous ne pouvez pas le