Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/15

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Ce temps et le nôtre se ressemblent suivant l’expression de Rochefort comme deux gouttes de sang. Dans cet enfer, comme aujourd’hui, les poètes chantaient l’épopée qu’on allait vivre et mourir ; les uns en strophes ardentes, les autres avec un rire amer.

Combien de nos chansons d’alors seraient d’actualité.

Le pain est cher, l’argent est rare,
Haussmann fait hausser les loyers,
Le gouvernement est avare,
Seuls, les mouchards sont bien payés !
Fatigués de ce long carême
Qui pèse sur les pauvres gens,
Il se pourrait bien, tout de même,
Que nous prenions le mors aux dents !
Dansons la Bonaparte,
Ce n’est pas nous qui régalons,
Dansons la Bonaparte !
Nous mettrons sur la carte
Les violons.

J.-B. Clément.

Les mots ne faisaient pas peur pour jeter à la face du pouvoir ses ignominies.

La chanson de la Badinguette fit hurler de fureur les bandes impériales.

Amis du pouvoir.
Voulez-vous savoir
Comment Badinguette,
D’un coup de baguette,
Devint, par hasard,
Madame César ?
La belle au fin fond de l’Espagne
Habitait.
Ah ! la buveuse de Champagne
Qu’elle était !
Amis du pouvoir, etc.

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