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les animait contre les gardes nationaux que plusieurs furent blessée et deux tués : Vahlin et François. — Il y eut aussi quelques morts du côté des manifestants, un jeune homme, le vicomte de Molinat fut tué par derrière, du côté des siens, il tomba la face contre terre. Sur son corps on trouva un poignard fixé à sa ceinture par une chaînette, comme si ce jeune premier eût craint d’égarer son arme. Ce détail enfantin avait attendri un garde national.

Quant à M. de Pêne il fut presque empalé par une balle venue aussi du côté des siens par derrière.

Après la déroute des manifestants, la terre était jonchée d’armes : poignards, cannes à épée, revolvers, qu’ils avaient jetés en s’enfuyant.

Le docteur Rainlow, ancien chirurgien d’état-major du camp de Toulouse, et plusieurs médecins accourus, firent transporter les morts et les blessés à l’ambulance du Crédit Mobilier.

Il restait une sorte de tristesse aux gardes nationaux qui avaient combattu ces jeunes gens, quoiqu’ils l’eussent fait avec une extrême générosité tant le cœur de ces hommes était tendre.

J’ai souvent songé pendant les sanglantes représailles de Versailles aux gardes nationaux du 22 mars et de toute la lutte.

Le comité central fit placarder une affiche menaçant de peines sévères ceux qui conspiraient contre Paris, mais depuis cette époque, jusqu’à la fin de la Commune, la réaction conspira sans cesse avec impunité.

Braves gens de 71, braves gens de l’hécatombe ! Vous avez emporté cette mansuétude sous la terre empourprée de sang, elle n’y remontera que la lutte terminée dans la paix du monde nouveau.

Nous reprendrons les affiches de la prise de possession de Paris par la Révolution du 18 mars, les paroles émues d’alors font revivre le drame.