Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/185

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aux ennemis de l’assemblée, se rendraient passibles des lois de la guerre. » Ce président se nommait Laubeuf.

Et les bonnes gens de Rueil, Chatou et autres lieux, tenant à deux mains leur tête pour s’assurer qu’elle tenait encore sur leurs épaules, regardaient s’il ne passait pas quelque fugitif de la bataille pour le livrer à Versailles.

Le corps d’armée de Duval combattait depuis le matin, contre des détachements de l’armée régulière, réunis à des sergents de ville ; ils ne battirent en retraite sur Châtillon qu’après un véritable massacre.

Duval, deux de ses officiers et un certain nombre de fédérés, faits prisonniers, furent presque tous fusillés le lendemain matin, avec des soldats passés à la Commune et à qui on arrachait leurs galons avant de les mettre à mort.

Le 4 avril au matin, la brigade Déroja et le général Pellé tenaient le plateau de Châtillon.

Sur la promesse du général, d’avoir la vie sauve, les fédérés enveloppés se rendent. Aussitôt les soldats reconnus sont fusillés, les autres envoyés à Versailles accablés d’outrages.

En chemin, Vinoy les rencontre, et n’osant tout fusiller après la promesse de Pellé, il demande s’il y a des chefs.

Duval sort des rangs. — Moi, dit-il. Son chef d’état-major et le commandant des volontaires de Montrouge, sortent également des rangs et vont se ranger près de lui.

— Vous êtes d’affreuses canailles ! crie Vinoy. Il ordonne de les fusiller.

Ils s’adossent d’eux-mêmes contre un mur, se serrent la main et tombent en criant : Vive la Commune !

Un Versaillais vole les bottes de Duval et les promène : l’habitude de déchausser les morts de la Commune était générale dans l’armée de Versailles.