Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Oh ! si, de nos jours, quelque prétendant avait un cœur d’homme, comme il jetterait les sanglantes défroques dont veulent l’affubler des gens vivant dans le passé ! Comme il prendrait sa place dans le combat, parmi ceux qui veulent la délivrance du monde !

Tandis que M. Thiers s’occupait des prétendants qu’on avait sous la main, il n’oubliait rien pour noyer dans le sang les mouvements vers la liberté qui se produisaient en France :

Les Communes de Lyon et de Marseille, déjà étouffées par Gambetta, renaissaient de leurs cendres.

« Nous voulons, écrivait la Commune de Marseille à la commune de Paris, le 30 mars 1871, la décentralisation administrative, avec l’autonomie de la Commune, en confiant au conseil municipal élu de chaque grande cité les attributions administratives et municipales.

» L’institution des préfectures est funeste à la liberté.

» Nous voulons la consolidation de la République par la fédération de la garde nationale sur toute l’étendue du territoire.

» Mais, par dessus tout et avant tout, nous voulons ce que voudra Marseille. »

Les élections devaient avoir lieu le 5 avril, à 6 heures du matin ; c’est pourquoi le général Espivent réunit aux équipages de la Couronne et Magnanime toutes les troupes dont il put disposer et, le 4, il bombarda la Ville.

Un coup de canon à blanc avait averti les soldats ; mais, comme ils rencontrèrent une manifestation sans armes suivant un drapeau noir et criant : Vive Paris ! ils se laissèrent entraîner par la foule, avec les artilleurs et la pièce de canon qui venait de tirer deux autres coups.

Espivent, de l’autre côté, par le fort Saint-Nicolas, faisait bombarder la préfecture où il supposait la Commune.