Le 21 mai, à midi, M. Thiers, en qui l’esprit réactionnaire tout entier semblait s’être incarné, envoyait à Jules Favre le télégramme suivant :
« Que M. de Bismark soit bien tranquille. La guerre sera terminée dans le courant de la semaine. Nous avons une brèche faite du côté d’Issy, on est occupé à l’élargir en ce moment.
» La brèche la Muette est commencée et très avancée ; nous en entreprenons une à Passy et au Point-du-Jour. Mais nos soldats travaillent sous la mitraille et, sans notre grande batterie de Montretout, ces témérités seraient impossibles.
» Mais des œuvres de ce genre sont sujettes à tant d’accidents qu’on ne peut assigner de terme fixe à leur accomplissement. Je supplie M. de Bismark, au nom de la cause de l’Ordre, de nous laisser accomplir nous-mêmes cette répression du brigandage antisocial qui a pour quelques jours établi son siège à Paris.
» Ce serait causer un nouveau préjudice au parti de l’ordre en France et des lois en Europe, que d’agir autrement.
» Que l’on compte sur nous : l’Ordre social sera vengé dans le courant de la semaine.
» Quant à nos prisonniers, je vous ai mandé ce matin les vrais points d’arrivage ; il est trop tard pour recourir aux transports maritimes.
» Les cadres des régiments sont tout prêts à nos frontières de terre et les prisonniers arrivés y seront versés immédiatement.
» Du reste, on ne les attend pas pour agir, mais c’est une réserve prête à tout événement.