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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/236

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terait une seule poitrine à la mort qui s’approchait.

Il y avait un mouvement général des ligues des départements et de Paris.

La Commune allait mourir ! Qu’avait donc servi l’enthousiasme universel ? De grandes manifestations avaient eu lieu, mais Versailles avec son cœur de pierre n’avait senti que la Banque en péril ; les Francs-Maçons, le 26 avril, avaient envoyé des deux orients de Paris, une délégation des vénérables et des députés des loges, adhérer à la révolution ; il avait été convenu que le 29, ils iraient en cortège sur les remparts entre le Point-du-Jour et Clichy, qu’ils planteraient la bannière de paix, mais que si Versailles refusait cette paix ils prendraient, les armes à la main, parti pour la Commune.

En effet, le 29 avril au matin, ils allèrent à l’Hôtel-de-Ville où Félix Pyat, au nom de la Commune prononça un discours ému et leur remit une bannière.

Ce fut un spectacle comme ceux des rêves que ce défilé étrange.

Aujourd’hui encore il me semble en en parlant, revoir cette file de fantômes allant avec une mise en scène d’un autre âge, dire les paroles de liberté et de paix qui se réaliseront dans l’avenir.

L’impression était grande, il fut beau de voir l’immense cortège marchant au bruit de la mitraille comme en un rythme.

Il y avait les chevaliers Kadoshs avec l’écharpe noire frangée d’argent.

Les officiers rose-croix, le cordon rouge au cou, et tant d’insignes symboliques que cela faisait rêver.

En tête, marchait une délégation de la Commune avec le vieux Beslay, Ranvier, et Thirifocq, délégué des francs-maçons.

Des bannières étranges passaient, la fusillade, le canon, les obus faisaient rage.