Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/244

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premier chef d’essayer de les faire passer pour des pièces d’orthopédie. S’en servait-on encore, s’en était-on servi quelquefois, étaient-elles employées à l’heure où on me les montra ou remisées au magasin des accessoires ? Je n’eus, et n’ai pas à me prononcer à ce sujet. Mais comme instruments orthopédiques, ce bric-à-brac était inacceptable.

 » H. Rochefort. »

Qui sait s’il ne faudrait pas chercher à Montjuick, où les épaves des tortures ont été exhumées et remises en usage aujourd’hui, si ce n’est pas à des usages semblables que servirent les objets étranges du couvent de Picpus.

Le fanatisme religieux ne conduit-il pas en ce moment même une secte d’illuminés de Russie, à se faire murer vivants, dans leurs tombes ?

Qui sait si les bizarres instruments ne servaient pas pour torturer les religieuses d’une foi chancelante, dans le but de leur faire gagner le paradis ?

Qui sait si celles que le délire mystique prenait ne s’en servaient pas pour se torturer elles-mêmes ?

Ceux qui ont chanté dans les églises sombres, aux lueurs pâles des cierges, où l’orgue roule des flots d’ondes sonores, qui vous emportent dans d’âpres nuages d’encens ; ceux-là, savent qu’à ces heures, il semble que la voix bat des ailes en montant, qu’elle n’est plus dans votre poitrine, et que vous-même vous l’écoutez.

Qui sait où conduisent des sensations de ce genre à chaque jour répétées, sans que la raison vous ait dit : tout ce qui peut prendre un être, harmonie, mise en scène, parfums, est une impression du temps futur de l’humanité où les sens seront plus puissants, où il y en aura d’autres. Mais cette impression en l’entourant de superstitions devient grossière, elle entraîne en arrière au lieu de porter en avant.