Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/254

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et Lockroy avaient donné en termes énergiques leur démission à Versailles.

Tolain restait toujours.

Maintenant, Paris a une physionomie tragique, les chars funèbres aux quatre trophées de drapeaux rouges, s’en vont plus nombreux, suivis par les membres de la Commune et des délégations des bataillons au son des Marseillaises.

Les clubs des églises flamboient le soir ; là aussi montent des Marseillaises ; ce n’est pas le sourd roulement des tambours funèbres, qui les accompagne, l’orgue les gronde dans les grandes nefs sonores.

À l’église de Vaugirard c’est le club des Jacobins ; leur idée de se réunir dans le sous-sol faisait penser à la cave où travaillait Marat ; ceux-là c’était un souffle de 93 passant sous la terre. Le club de la Révolution sociale, à l’église Saint-Michel, aux Batignolles, Combault, à la première séance parla comme devant les tribunaux de Bonaparte, de cette idée que les persécutions activaient sans cesse la liberté du monde !

Du club Saint-Nicolas-des-Champs, le 1er mai, une députation envoyée à la Commune, déclare que tout homme qui parle de conciliation entre Paris et Versailles est un traître.

Quelle conciliation en effet peut exister entre le long esclavage et la délivrance ?

Dans dix ou douze églises, montait tous les soirs un chœur immense saluant la liberté.

J’en entendis parler avec enthousiasme. Les femmes surtout y exhortaient à la liberté, mais du 3 avril à la semaine sanglante je ne suis venue que les deux seules fois dont j’ai parlé et pendant de courtes heures, quelque chose m’attachait à la lutte au dehors ; une attirance si forte, que je ne cherchais pas à vaincre.

La première fois j’allais à l’Hôtel-de-Ville avec une