Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/28

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accusations, atteignant presque les perfidies de la loi scélérate.

C’étaient Varlin, Malon, Humber, Grandjean, Bourdon, Charbonneau, Combault, Sandrin, Moilin.

Ils déclarèrent appartenir à l’Internationale dont ils étaient actifs propagateurs, et Combault affirma que, dans ses convictions, les travailleurs avaient le droit de s’occuper de leurs propres affaires. Delesveaux s’écria : « C’est la lutte contre la justice ! — C’est, au contraire, la lutte pour la justice », répondit Combault, approuvé par ses coaccusés. Les citations prises par les juges dans les papiers saisis se retournaient contre eux ; telle fut la lettre du docteur Pallay de l’Université d’Oxford, disant que la misère ne doit pas disparaître par l’extinction des malheureux, mais par la participation de tous à la vie. « L’antiquité, disait-il, est morte d’avoir conservé dans ses flancs la plaie de l’esclavage. L’ère moderne fera son temps, si elle persiste à croire que tous doivent travailler et s’imposer des privations, pour procurer le luxe à quelques-uns. »

L’Internationale ayant été, comme d’ordinaire, déclarée dissoute et les accusés condamnés chacun à trois mois de prison et cent francs d’amende, on pressentait un autre procès. Les registres de l’Internationale avaient été gardés par le juge d’instruction. Combault, Murat et Tolain rétablirent de mémoire leur comptabilité, dans une lettre publiée par le Réveil (circonstance aggravante servant à prouver que l’Internationale s’entourait de mystères, et disposait de la publicité). Voici maintenant les grands procès.

Le nombre des internationaux augmentant en raison directe de chaque dissolution de la société, il y eut au dernier trente-sept accusés, quoique par je ne sais quel penchant aux séries exactes, on l’appelât le procès des trente.