Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tous solidairement privés de leurs droits civils et condamnés aux dépens.

Ceux des internationaux qui avaient à subir une année d’emprisonnement ne l’achevèrent pas, les événements les délivrèrent.

Ces hommes si fermes devant la justice impériale devaient avec les révolutionnaires, blanquistes et orateurs des clubs, composer la Commune, où la légalité, le fardeau du pouvoir, anéantirent leur énergie, jusqu’au moment où, redevenus libres par la lutte suprême, ils reprirent leur puissance de volonté.

La France était déjà sous l’Empire le pays le moins libre de l’Europe.

Tolain, délégué en 68 au congrès de Bruxelles, dit avec raison qu’il fallait beaucoup de prudence dans une contrée où n’existait « ni liberté de réunion, ni liberté d’association ; mais, ajoute-t-il, si l’Internationale n’existe plus officiellement à Paris, tous nous restons membres de la grande association, dussions-nous y être affiliés isolément à Londres, à Bruxelles ou à Genève ; nous espérons que du congrès de Bruxelles, sortira une alliance solennelle des travailleurs de tous les pays, contre la guerre qui n’a jamais été faite qu’à l’avantage des tyrans contre la liberté des peuples. »

Partout, en effet, des protestations étaient faites contre la guerre. Les internationaux français envoyèrent aux travailleurs allemands, celle qui suit :

« Frères d’Allemagne,

« Au nom de la paix, n’écoutez pas les voix stipendiées ou serviles qui chercheraient à vous tromper sur le véritable esprit de la France.

» Restez sourds à des provocations insensées, car la guerre entre nous serait une guerre fratricide.

» Restez calmes comme peut le faire sans compromettre sa dignité un grand peuple courageux.